Introduction

Dans les pays occidentaux, en Europe ou en Amérique du Nord, on a tendance à croire que les Églises sont en décroissance. C'est généralement le cas dans la plupart des Églises plus anciennes (Catholiques, Anglicanes, Orthodoxes, Luthériennes), mais il existe aussi des Églises qui se développent. Beaucoup d'entre elles sont des Églises évangéliques.

Les pages qui suivent décrivent pluisieurs des orientations pastorales qui peuvent expliquer leur croissance. La référence principale de cet article est le livre de George G. Hunter III: Church for the Unchurched.

• LA MISSION
• LE RENOUVELLEMENT SPIRITUEL DES MEMBRES
• LA CROISSANCE DES MEMBRES
• LA FORMATION DES MEMBRES
• LA RÉPONSE AUX BESOINS DU MILIEU
• LE DISCERNEMENT DES DONS DES LAÏCS
• LA STRUCTURE DE PETITS GROUPES
• L’ADAPTATION À LA CULTURE
• LES PERSONNES EN RECHERCHE
• CONCLUSION

LIENS VERS DES SITES DU MÊME AUTEUR

• INTRODUCTION A LA CROISSANCE DES EGLISES
• OUTILS POUR LA CROISSANCE DES ÉGLISES
• THÈSE DE DOCTORAT : De la croissance numérique à la croissance intégrale : un modèle de mission pour l’église locale

Consacrées à mission

Une des caractéristiques principales des Églises en croissance est leur consécration missionnaire auprès des non-chrétiens et/ou des non-croyants. Cette consécration à l'annonce première constitue ni plus ni moins leur identité. Leurs pasteurs sont convaincus qu'accepter Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur et de lui consacrer sa vie est la chose plus importante qu'une personne puisse faire dans sa vie.

Ces Églises visent non seulement rejoindre les personnes de leur milieu qui ne croient pas en Jésus, mais aussi les chrétiens séparés de toute institution ecclésiale. Elles concentrent une grande partie de leurs énergies à atteindre, interpeller et intégrer ces personnes dans un cheminement de croissance pour si possible les impliquer dans la mission.

Les membres de ces communautés ont conscience que l'humanité est précieuse aux yeux de Dieu et que Dieu veut que tous les hommes et les femmes soient sauvés. La compassion envers les pauvres et les personnes qui ne connaissent pas Jésus est le moteur principal de leurs activités.

Les pasteurs ont la ferme conviction qu’ils sont eux-mêmes, ainsi que leurs communautés, appelés et envoyés pour rassembler ceux et celles qui vivent en dehors de toute communion ecclésiale ou de toute référence au Christ. Ils activent le feu missionnaire chez les membres de la communauté, ils leur transmettent la compassion pour les brebis perdues et leur enseignent la fidélité aux préceptes missionnaires de la fin des Évangiles de Marc et de Matthieu.

Les pasteurs forment et impliquent tous les membres laïcs de leurs Églises pour la tâche de l'évangélisation. En effet les laïcs ont des contacts quasi permanents avec les non-chrétiens ou les non-croyants et peuvent rejoindre des personnes que les pasteurs ne côtoient pas. La méfiance des personnes n’allant pas à l'Église à l’égard des membres non ordonnés est moins grande qu’à l’égard des membres ordonnés, car ces derniers sont parfois considérés comme des professionnels de la religion qui veulent "embarquer" les autres dans leurs croyances.

Les pasteurs encouragent les chrétiens de leurs Églises à rendre des services autour d'eux, à créer des liens d’amitié avec des non-chrétiens ou des non-croyants et à les inviter dans des assemblées spécialement conçues pour leur faire découvrir et rencontrer Jésus (Célébrations pour personnes en recherche ou cellules d'évangélisation).

Consacrées au renouvellement spirituel des membres

Les Églises en croissance étudiées sont des Églises ferventes. De nombreuses activités sont proposées aux membres afin de leur permettre de croître et de se renouveler spirituellement.

L'accent est mis sur la prière et l’étude des Écritures. De la prière et de l'étude des Écritures jaillit l'élan apostolique. L’approfondissement des textes bibliques se fait principalement par les prédications centrées sur la parole de Dieu et par l'enseignement dans les écoles du dimanche.

Les Écritures sont aussi étudiées dans des groupes de maison (rencontres hebdomadaires en petits groupes de 10 à 15 personnes chez l'un ou l'autre des membres). Des guides de lecture biblique comme Bethel, Navigator et Trinity sont utilisées pour enraciner les membres dans la foi. Il y a aussi des (par)cours donnés toutes les semaines en différents lieux et à différentes heures.

La Bible est vue comme une « carte », un guide, permettant d'orienter sa vie. On tâche d’extraire la sagesse des textes bibliques pour l’appliquer aux situations concrètes et aux défis de la vie contemporaine.

Les membres des Églises en croissance observées par George G. Hunter III croient à la puissance de la prière. Les pasteurs des Églises en croissance proposent aux membres de leurs Églises des retraites et des rencontres de prière durant lesquelles on prie pour des groupes « cibles » particulièrement les groupes que l'on veut rejoindre et inviter dans l'Église.

La prière est considérée comme une arme dans le combat spirituel à livrer. Ils la pratiquent assidûment. Ils croient fermement que Dieu répond aux requêtes (Marc 11 :24). La prière est pour eux un mode de vie. On la retrouve dans toutes les activités de la communauté.

Parmi les activités de l'Église proposées aux membres, il y a des chaînes de prières (les membres se relaient, parfois jour et nuit, pour prier pour des intentions particulières), du soutien spirituel par la prière au téléphone offert à toute personne en détresse, des visites de malades durant lesquelles une partie du temps est consacrée à prier pour la personne visitée.

La créativité des membres est mise à contribution pour inventer de nouvelles formes de prières. Certaines de ces Églises invitent leurs membres à trouver un "partenaire de prière" pour prier ensemble régulièrement.

Consacrées à la croissance des membres

Les Églises en croissance présentées en introduction visent le développement des membres en vue de les fortifier dans la foi et de les impliquer dans la mission. La communauté du pasteur Rick Warren offre une série de quatre (par)cours, chacun, d’une durée de quatre heures, permettant aux membres de franchir une étape vers la maturité chrétienne.

Le premier (par)cours vise à faire comprendre aux participants l’importance de la communauté chrétienne; le deuxième les aide à développer et à approfondir leur vie spirituelle ; le troisième à découvrir leurs dons spirituels et leurs talents ; et le quatrième à trouver une pastorale dans la communauté chrétienne qui corresponde à leurs intérêts et à leurs dons.

Voici quelques exemples des buts poursuivis à travers ces parcours:

1. Grandir dans l’intimité avec Dieu et dans la fidélité à sa Parole;

2. Grandir dans ses relations avec les autres et dans ses relations en petits groupes;

3. Grandir dans sa capacité de découvrir les besoins de son milieu (à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté) et d’y répondre;

4. Grandir dans sa capacité de créer des liens avec les personnes de son entourage qui ne sont pas chrétiennes ou qui ne vont pas à l'Église et de les inviter à un acte de foi au Christ Sauveur;

5. Grandir dans sa capacité d’œuvrer dans une pastorale (ou d’en créer une) et éventuellement d’en être responsable.

Ce qui est offert dans ces (par)cours est un chemin d’expérience avec Dieu et une insertion dans la communauté chrétienne qui a du sens, qui guérit, libère et actualise les personnes qui s'y engagent.

Consacrées à la formation des membres

Les pasteurs encouragent les membres de leurs Églises à participer à la mission et ils les impliquent selon leurs intérêts, leurs talents et leur disponibilité. Les laïcs sont formés et suivis pour être compétents et efficaces dans leurs engagements. Des séminaires, des sessions ou des (par)cours sont offerts pour faire découvrir leur appel particulier et les différentes possibilités d'engagement dans la communauté.

On encourage les membres de l'Église à créer de nouvelles pastorales (activités ou ministères) qui répondront aux besoins du milieu. On fait appel à leur créativité et à leurs idées. Les pastorales individuelles ne sont pas exclues.

Le Nouveau Testament n’appuie pas la thèse d’une communauté chrétienne divisée entre, d'une part, les clercs qui exercent les ministères, et d’autre part les laïcs qui assistent simplement au culte.

Dans les Églises locales en croissance, les pasteurs cherchent à découvrir les dons et les talents des membres. Ils ne mettent pas les laïcs au service de la mission, mais se mettent eux-mêmes au service des membres pour les impliquer dans des pastorales qui les aideront à s'épanouir dans leur engagement ecclésial. Les pasteurs visent à actualiser le sacerdoce commun des croyants.

Un des buts de l'engagement des laïcs est de multiplier les services qui manifesteront l'amour de Dieu dans le milieu que ce soit par la Parole ou par les œuvres. Dans la communauté méthodiste Frazer Memorial United Church, les membres ont la possibilité de s’impliquer dans 190 pastorales différentes. Parmi les 7500 membres, 83 % sont actifs dans l’une ou l’autre des activités de l'Église.

Une fois par année, les pasteurs distribuent aux membres une liste décrivant les différentes pastorales de l'Église. Les membres sont invités à faire connaître leurs préférences en cochant leur premier et deuxième choix. S'il n'y a rien sur la liste qui les intéresse, un espace leur permet de proposer une nouvelle activité qui correspondrait à ce qu'il voudrait faire.

Peu de temps après, une formation leur est proposée à la suite de laquelle ils s’engagent pour un an dans une ou l’autre des pastorales. Généralement les membres renouvellent, année après année, leur engagement. Quand d’autres personnes se joignent à la communauté, une session d’accueil et d’orientation est offerte avec un but précis : découvrir leurs dons, leurs talents et leurs intérêts afin de les impliquer rapidement. Les responsables visent à ce que le plus de membres possible soient actifs au sein de l'Église.

Le rôle du personnel engagé est principalement de s'occuper de l'administration. Il peut aussi être celui de former et d’encourager les laïcs dans leurs engagements respectifs. En aucun cas, le personnel ne prend les décisions pastorales à la place des responsables laïcs.

L'Église Frazer Memorial United Church publie un petit journal mensuel dans lequel des membres témoignent de la joie que leur procure leur engagement. Dans la plupart des réunions, un des membres de l'Église témoigne de sa conversion et de ce que lui apporte son implication en Église. Ces nombreux témoignages créent une dynamique d’engagement et d’évangélisation au sein de la communauté chrétienne.

Consacrées à réponse aux besoins du milieu

Les pastorales des Églises en croissance présentées en introduction cherchent à répondre aux besoins des personnes qui ne viennent pas à l'Église et à ceux des membres de la communauté chrétienne.

Ces besoins sont les pauvretés humaines du milieu: matérielles et spirituelles. Les activités déjà en place, mais qui ne répondent plus aux besoins des personnes du milieu ou qui ne peuvent plus être dirigées et animées par des laïcs sont abandonnées.

Les pasteurs se posent trois questions :

1) Est-ce que les activités actuelles répondent aux besoins internes ou externes de la communauté chrétienne ?

2) Est-ce que ces activités correspondent à la mission l'Église ?

3) Y a-t-il des membres laïcs qui ont le désir et les dons pour s'y impliquer et d'autres pour en assumer la responsabilité ?

Dans la communauté du pasteur Mathison, un groupe de personnes a pour tâche spécifique de rechercher dans la ville ou le quartier les besoins matériels et spirituels qui ne sont pas rejoints par d’autres organismes.

Quand un service est rendu à des personnes qui ne viennent pas à l'Église, les responsables de la pastorale s’arrangent toujours pour que ces personnes sachent qu’il a été accompli par la communauté chrétienne.

Les membres de l'Église sont encouragés à faire connaître leurs idées de nouvelles pastorales. Ainsi la communauté devient innovatrice et toujours plus signe de l’Évangile : Que votre lumière brille devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux (Mt 5:16).

C'est grâce à ces pastorales que les Églises se font connaître dans leur milieu. Par exemple l’Église de Steve Sjogren est connue parce que ses membres offrent gratuitement des boissons rafraîchissantes lors de compétitions sportives, ils nettoient aussi bénévolement les toilettes des stations-service (qui sont souvent très sales aux États-Unis), ils mettent des pièces dans les parcomètres pour éviter aux personnes distraites d’avoir une contravention, ils enlèvent la neige des entrées de garage, ils coupent le gazon des personnes âgées, ils nettoient les parcs et s’engagent dans toutes sortes d’activités de bienfaisance. Une fois ces services rendus, ils laissent derrière eux une carte de visite avec l'adresse de l'Église, un petit mot et éventuellement un verset biblique.

Comme nous l'avons mentionné, ces Églises sont attentives non seulement à répondre aux besoins externes de la communauté chrétienne, mais aussi aux besoins internes. Parmi ces besoins internes, il y a des services de visite à domicile et le suivi pastoral.

Cet accompagnement spirituel et humain est accompli par des personnes dont on a préalablement discerné les aptitudes et à qui l'on a donné une formation. Il est parfois donné à ces personnes le titre de pasteurs laïcs, car leur travail est réellement pastoral. Il leur est confié un certain nombre de famille afin de prier pour elles, de leur être disponible, de les contacter régulièrement et d’être un bon exemple de vie chrétienne. Une telle pastorale permet aussi d'assurer un suivi pour les personnes nouvellement intégrées à l'Église.

Consacrées à discerner les dons des laïcs

Les pasteurs des Églises en croissance présentées en introduction estiment que la meilleure manière de motiver les chrétiens à s’impliquer dans les activités d'Église n’est pas de chercher à leur « imposer » une fonction dans telle ou telle pastorale dont ils ont décidé l'existence. Ils leur donnent plutôt la possibilité de créer de nouvelles activités (ministères) dont ils sont eux-mêmes responsables.

Dans une telle optique, les pasteurs cherchent à discerner les dons des membres et à les former. En leur laissant ainsi la possibilité d'inventer de nouvelles pastorales, les personnes qui s'impliquent sont intéressées et motivées par ce qu'elles font. Les membres ne sont donc pas « forcées » de s'impliquer, les responsables éveillent plutôt en eux, par la prédication et les enseignements, le désir de s'engager. L’engagement est volontaire et basé sur ce que les membres peuvent et veulent faire.

Si les pasteurs imposent telle ou telle activité sans se soucier du désir des laïcs, ceux-ci répondront éventuellement par l’affirmative pour leur faire plaisir, mais leur engagement sera tiède et accompli à contrecœur.

En Églises, explique George G. Hunter III on trouve beaucoup de « yes man », terme familier en anglais qui veut dire « monsieur oui » désignant ceux et celles qui disent toujours oui au pasteur sans être réellement convaincus. Ils s’impliquent par obéissance, mais sans enthousiasme. Les activités qu’ils effectuent ne sont ni épanouissantes, ni accomplies efficacement.

Par contre, si les responsables mettent au point un processus pour discerner les désirs d'engagement des laïcs, s’ils respectent le peu temps qu’ils peuvent parfois donner, s’ils cherchent à discerner leurs dons, les forment et leur permettent de créer de nouvelles activités qui les motivent, l'engagement des membres sera plus fervent et ceux-ci donneront le meilleur d’eux-mêmes.

Une assemblée locale aura donc avantage à être organisée de manière à faire découvrir aux membres leurs charismes personnels et leur passion, c’est-à-dire le désir ou l’appel missionnaire personnel que Dieu a mis dans leur cœur.

Le troisième (par)cours de croissance du pasteur Rick Warren vise précisément à aider les laïcs à prendre conscience de leurs dons spirituels, de leurs désirs, de leurs habiletés et de les mettre à profit dans la communauté chrétienne. S’il fallait schématiser son Église locale, on pourrait dire que les laïcs sont impliqués dans les pastorales tandis que les pasteurs projettent une vision pour l’avenir, motivent et forment les membres l'accomplir.

Consacrées aux petits groupes

Pour libérer la créativité et le potentiel missionnaire des membres, les Églises en croissance observées se servent d'une structure de petits groupes. Dans ces petits groupes et sous le leadership d’un responsable préalablement formé, les membres partagent l’Évangile, prient, se soutiennent mutuellement. Il y a différents types groupes qui remplissent différentes fonctions créant ainsi une synergie missionnaire au sein de l’Église.

Les Églises qui possèdent une telle structure sont parfois appelées métaÉglise. Certaines sont plus des communautés avec des petits groupes que des communautés de petits groupes. Les membres se rassemblent à la fois dans l'Église pour des célébrations communes et dans les petits groupes permettant ainsi de rompre l’anonymat et la solitude des villes et même parfois de certaines Églises. On y vit le partage, l’application des textes bibliques à la vie quotidienne (actualisation de la Parole de Dieu) et la prière spontanée.

Il existe au moins quatre différents types de groupes :

1) Les groupes pour « recommençants » et personnes en recherche : Les éléments de base de la foi chrétienne y sont exposés. Il n’y a presque pas de prière, mais surtout du partage et de l’écoute mutuelle. On donne l’occasion aux personnes présentes d’exprimer leurs griefs contre l’Église et après leur avoir présenté l'Évangile on les invite à faire un acte de foi en « Jésus Sauveur »;

2) Les groupes de ressourcement et de croissance : Le principal objectif des ces groupes est le soutien fraternel et l’enracinement de la foi et de la vie dans les Écritures. Le partage et la prière y prennent une place plus importante;

3) Les groupes de convalescence et de guérison : Ces groupes fonctionnent souvent selon un processus de guérison et de libération par étapes comme dans le mouvement des Alcooliques Anonymes (AA);

4) Les groupes missionnaires : Ces groupes on une mission particulière. Les membres se regroupent autour d’une responsabilité ou d’une pastorale (ou ministère) spécifique : pastorale d’accueil, pastorale de musique, pastorale d’enseignement, pastorale d’évangélisation, pastorale d’accompagnement spirituel et humain, pastorale accompagnement de personnes en deuil, etc. Si l’accent est mis les tâches à accomplir, on y vit aussi le partage, la prière, et la formation à partir de la Bible et des sciences humaines.

Les petits groupes laissent en général une chaise vide durant leurs rencontres afin de se rappeler leur objectif de croissance. La chaise vide représente les personnes que l'on cherche à évangéliser et à intégrer dans la cellule ou dans l'Église. Beaucoup de ces groupes ont pour objectif d’accueillir au moins une personne nouvelle tous les six mois.

Chaque groupe a un responsable/animateur qui contacte régulièrement, de manière personnelle, tous les membres. Son rôle est celui d’un pasteur, d’un serviteur et parfois d’un enseignant. Les membres se rassemblent en général par affinité : célibataires, adolescents, jeunes adultes, professionnels, etc. La participation aux groupes est libre. C’est la qualité de ce qui s’y vit et la réponse aux besoins des personnes qui doit y attirer et retenir les membres.

La fréquence des rencontres est variable : elles peuvent avoir lieu chaque semaine, toutes les deux semaines ou tous les mois. Les pasteurs laissent parfois la liberté aux groupes d’établir leur propre agenda. Les animateurs s’engagent pour un an. C’est parmi ces animateurs que l’on choisit les responsables de districts, qui après une formation spécifique, veillent non seulement sur leur propre petit groupe, mais supervisent aussi les responsables d’autres groupes de maison.

Les animateurs reçoivent aussi une formation et se rencontrent une fois par mois ou une fois par semaine pour transmettre à leurs responsables un rapport sur le déroulement des rencontres et sur les activités du groupe. Ils parlent des problèmes et des défis éventuels qu’ils rencontrent dans l’animation et continuent leur formation.

Mettre en place des petits groupes dans une Église locale demande de la patience et beaucoup de travail. Les membres ordonnés ont à consacrer de leur de temps pour former les animateurs et les responsables de district. L’appui et l’engagement personnel et inconditionnel du pasteur principal sont donc indispensables.

Pour démarrer, il y a quelques étapes à suivre :

1) Une vision doit être élaborée et partagée avec les principaux responsables de la communauté. La vision devrait être biblique et missionnaire et tenir compte des besoins du milieu ;

2) La vision est ensuite mise sur papier dans un énoncé de mission;

3) Le contenu de l'énoncé de mission est communiqué aux membres de l'Église par différents supports : affichettes, dépliants, pancartes, site Internet, etc.;

4) Un processus de discernement des dons est mis sur pied afin de découvrir les dons des laïcs;

5) Les besoins du milieu sont évalués pour savoir lesquels peuvent être rejoints par des pastorales dirigées et animées par les laïcs;

6) Un plan avec des objectifs mesurables est élaboré pour mettre sur pied les pastorales et assurer la formation des futurs responsables/animateurs

7) Quelques groupes pilotes sont lancés;

8) La structure de petits groupes est ensuite étendue progressivement à l'ensemble des activités de la communauté.

Mettre sur pied une structure de petits groupes peut prendre 3 à 5 ans. Comme les groupes ont une durée de vie limitée, les personnes passeront en général deux ans dans un groupe particulier avant de changer.

Parce que les groupes ont une durée de vie limitée, ceux-ci sont :

A) Soit un passage vers une étape de la maturité chrétienne

1) Groupes pour recommençants ou pour personnes en recherche dont l’aboutissement est l’accueil du salut en Jésus et une alliance avec Jésus-Christ ;

2) Groupes d’approfondissement spirituel dont l’aboutissement est une alliance avec l’Église locale ;

3) Groupes de discernement des dons dont l’aboutissement est l’engagement dans des activités missionnaires de l'Église.

B) Soit rassemblés par affinité particulière

1. Groupes pour les personnes aux différentes sensibilités religieuses (traditionnelles, charismatiques, autres)

2. Groupes de jeunes;

3. Groupes pour les célibataires;

4. Groupes pour les proches de personnes alcooliques,

5. Groupes réunis selon une ethnie particulière;

6. Groupes pour les personnes en deuils;

7. Etc.

C) Soit un groupe missionnaire

1. Groupes d'évangélisation;

2. Groupes d'accueil des visiteurs et des nouveaux;

3. Groupes des services à la communauté ou le milieu;

4. Etc.

Consacrées retirer toute barriere culturelle

Les Églises en croissance citées en introduction s'efforcent de comprendre la culture et les aspirations des personnes qui habitent dans le périphérique de l'Église. Elles cherchent à adapter leurs services aux besoins de leur milieu et la musique des célébrations aux goûts des personnes qu’elles cherchent à rejoindre.

Les prédicateurs utilisent un vocabulaire accessible qui permet aux personnes qui n’ont aucune connaissance religieuse de comprendre ce qui est proclamé. La proclamation de la Parole est préparée pour être une réponse aux défis que rencontrent les gens d'aujourd'hui et donne des pistes concrètes pour surmonter les problèmes et les difficultés de la vie quotidienne.

Les célébrations sont rythmées, vivantes et utilisent un style de musique contemporain. Tout (ou presque) est fait pour intéresser les participants et les empêcher de s’ennuyer. Grâce à une telle animation, les membres de l’Église n’ont pas peur d’y inviter leurs amis et les personnes qu'elles évangélisent sachant qu’elles seront emballées par la qualité des célébrations. Elles utilisent, pour célébrer Dieu, des musiques et des chants qui sont du goût des groupes qu’elles cherchent à rejoindre.

Les pasteurs font en sorte que les personnes invitées pour une première fois se sentent à l’aise tant au niveau du langage, de l’habillement, des rituels que de la musique. Ils s'arrangent pour que les personnes nouvelles qui franchissent les portes de l’Église n’aient pas l’impression d’entrer chez un antiquaire ou dans un musée. Certaines Églises ressemblent hélas à des forteresses culturelles qui s'efforcent de conserver des traditions liturgiques et musicales d'un autre siècle tout en excluant toute autre forme d'expression musicale créant souvent ainsi un obstacle culturel à la croissance de l'Église.

Consacrées aux célébrations pour personnes en recherche

Les Églises en croissance étudiées par George G. Hunter III mettent sur pied des célébrations pour personnes en recherche. Ces célébrations sont des lieux où les membres de l'Église peuvent inviter les personnes qu'elles évangélisent. Elles sont spécialement conçues pour les personnes qui ne croient pas en Jésus ou qui ne célèbrent pas en Église. Leur but est de leu faire accepter Jésus comme Sauveur et Seigneur.

Tout y est fait pour enlever les barrières de type culturel qui pourraient empêcher les participants d’accueillir la Bonne Nouvelle et de revenir la semaine suivante. Tel que mentionné dans le paragraphe précédent, les chants et la musique sont adaptés à la culture de la tranche d'âge ou du groupe particulier que l’on cherche à rejoindre.

Si ce sont les jeunes que l’on vise à évangéliser, des instruments de musique contemporains sont utilisés : batterie et guitares électriques font partie des accompagnements musicaux. Les airs sont inspirés de chansons populaires que l'on entend couramment à la radio et les paroles sont adaptées pour la louange.

Ces célébrations se déroulent généralement dans l'Église le dimanche matin vers dix ou onze heures. Des sondages démontrent que l'heure à laquelle les non-croyants ou les non-pratiquants ont le plus de chance d'aller à l'Église est le dimanche matin. La participation active des personnes n’est pas nécessaire et n'est pas recherchée non plus.

L’expérience montre que les personnes qui viennent depuis peu dans une Église n’ont ni l’envie de chanter, d’échanger ou de s’engager dans quoi que ce soit. Les personnes en recherche viennent simplement écouter et observer. Elles souhaitent rester anonymes et d'intégrer à leur rythme ce qui leur est proposé de croire et de pratiquer.

Conclusion

 

Cet article a fait ressortir les différentes caractéristiques de plusieurs Églises en croissance observées par George G. Hunter III. En résumé ces Églises se consacrent 1) à l'évangélisation des non croyants et non pratiquants; 2) à la prière et au renouvellement spirituel des membres; 3) à la croissance et la formation des membres; à impliquer les membres; 4) à répondre aux besoins de leur milieu; à discerner les dons des membres et à stimuler leur créativité; 5) à créer une structure de petits groupes; 6) Consacrées à faire correspondre leurs célébrations et leurs activités aux attentes du milieu; 7) à bâtir des célébrations pour personnes en recherche. 

Ces caractéristiques donnent à ces Églises une allure particulière au sein même de leur propre dénomination, mais elles sont souvent plus dynamiques et connaissent une croissance souvent remarquable. Grâce à leur structure de petits groupes, elles peuvent se développer tout en conservant la chaleur de la communion fraternelle. 

L'organisation particulière de ces Églises leur permet de pratiquer une évangélisation efficace dont le processus peut se décrire comme suit: 

1) Dans un premier temps, les membres de l’Église sont encouragés à créer des liens d’amitié avec les sans-Églises (les non croyants et non pratiquants);

2) Les membres de l’Église prient pour que Dieu leur donne l'occasion de témoigner de leur foi;

3) Les chrétiens saisissent les occasions qui se présentent pour partager la Bonne Nouvelle;

4) Les sans-Églises qui reçoivent un témoignage sont invités à une célébration pour personnes en recherche ou à des petits groupes auxquelles ils reviendront pendant quelques mois;

4) S’ils ne sont pas baptisés, les sans-Églises alors sont invités à une formation pour recevoir le baptême;

5) Les personnes nouvellement baptisées, ou les baptisés qui assistent depuis un certain temps aux célébrations pour personnes en recherche, sont invitées aux assemblées du dimanche et grandissent dans leur foi en participant à des parcours ou à des séminaires de croissance;

6) Les nouveaux chrétiens découvrent leurs dons et deviennent à leur tour missionnaires.

Dans leur désir de rejoindre les personnes non croyantes ou non pratiquantes, ces Églises se donnent certains critères d’action : 

1) Les besoins des sans-Églises déterminent (ou façonnent) les pastorales et les activités de l'Église ;

2) Les désillusions des sans-Églises face à l’Église déterminent les « stratégies » d'évangélisation ;

3) La culture des sans-Églises détermine le style des célébrations ;

4) La population des sans-Églises détermine les objectifs de croissance. 

Ces Églises ont récolté, grâce à leurs orientations pastorales et missionnaires, une moisson abondante. En s’inspirant de leur expérience, d’autres communautés chrétiennes peuvent s'engager sur le chemin de l'évangélisation et de la mission. L’Esprit souffle où il veut, il inspire de nombreuses Églises dans le monde et suscite de nouveaux moyens pour accomplir la mission. Aux pasteurs revient la tâche de découvrir les expériences des autres, de s’en enrichir et de choisir ce qui leur convient pour la communauté dont ils ont la charge.